Ce jour où j'ai eu envie de démissionner

Ce matin, c'était la reprise pour les filles. Paparose retournant au travail, elles devaient se lever, se préparer et aller l'une chez sa nounou, l'autre au centre aéré.

Tout s'était bien passé. Elles étaient prête à l'heure et j'étais fière de la manière dont j'avais anticipé la rentrée.

Ce matin Fleur n'a pas pu aller au centre aéré car ils avaient oublié de l'inscrire (malgré le fait que dans ma grande organisation j'avais prévu les inscriptions pour le centre en mai!). Heureusement, nous avons trouvé une solution de replis au prix d'une grosse crise d'angoisse pour Fleur pour qui tout événement non prévu est difficile à gérer.

Ce matin je me suis assise dans ma voiture et si j'y avais été seule j'aurais pleuré (mais j'emmène une collègue avec moi au travail).

Ce matin je suis partie au travail avec un immense sentiment de culpabilité.

Ce matin j'ai eu envie de démissionner et d'être une mère aux foyers, même que je me plaindrais que c'est dur parce que je dois faire le ménage.

Ce matin fut un matin qui m'a rappelé à quel point il est difficile d'être une mère qui travaille.

Comme le matin où j'ai dû laisser mon bébé de 2 mois et demi.

Comme le matin où je suis arrivée chez la nounou de Fleur et qu'elle m'a dit qu'elle ne pouvait pas la prendre car elle était malade.

Comme le matin où j'ai appelé la crèche pour inscrire Rose et qu'on m'a répondu qu'il n'y aurait pas de place pour moi...alors que je connais des mères en congés parental qui ont des places en crèche ("oui mais vous comprenez c'est plus pratique pour le planning d'avoir des enfants quelques demi-journées par semaine que 40h par semaine hors vacances scolaires").

Comme le matin où j'ai reçu le courrier annonçant mon non renouvellement de contrat 1 semaine après avoir envoyé ma déclaration de grossesse aux RH.

Comme le matin où j'ai essayé de trouver une nounou et que oui, elles étaient libres, mais non elles ne prenaient aucun enfant de 8h à 18h, 5 jours par semaine ("vous comprenez je ne travaille pas le vendredi pour faire mon ménage" ou "je ne travaille pas le mercredi car j'ai mes enfants")

Comme le soir où j'ai réalisé en déshabillant Fleur pour le bain qu'elle avait des boutons partout - la varicelle - et c'était la veille de la rentrée, et Paparose devait reprendre le travail et moi j'avais de grosses réunions de prévues.

Comme toutes ces fois où je comptes les heures passées avec elles (moins de 2 chaque jour)..

Comme ce jour j'ai emmené Fleur chez une pédopsychiatre pour essayer de trouver une solution à ses crises d'angoisses et que la première question qu'elle lui a posé fut "elle travaille beaucoup maman n'est-ce pas?" - d'ailleurs ce n'était même pas une question.

Il y a tous ces matins, tous ces soirs, tous ces jours...Ces moments où j'aimerais être une femme au foyer...ou un homme, pour vivre la même chose mais ne pas en être culpabilisée.

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