source : pixabay

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Depuis quelques mois, nous nous sommes lancés dans une démarche de réduction des déchets. Soyons clairs, l'impulsion vient de moi. Paparose suit, même s'il accroche largement à l'idée.

Et c'est de cela que je voudrais vous parler aujourd'hui.

Je participe à beaucoup de groupes concernant l'écologie et le zéro déchet sur les réseaux sociaux. Dans la majorité des cas, les membres de ces groupes sont des femmes. Il y a un post récurrent qui dit "je souhaite devenir zéro déchet, mais mon mari et mes enfants ne suivent pas. Du coup je n'y arrive pas."

Cela m'amène à me poser une question : le zéro déchet n'est-il pas un risque pour l'égalité des sexes, en particulier en ce qui concerne les tâches domestiques?

Et alors que les femmes gèrent déjà une grosse majorité des tâches ménagères (71% en 2010 selon l'INSEE) et la quasi totalité de la charge mentale que représente la gestion d'une maison, je me demande si le risque n'est pas de les épuiser encore plus.

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J'avais déjà fait un article sur le temps du zéro déchet. Promouvoir un mode de vie écologique demande quand même de faire "plus":

- étendre son linge plutôt que de le faire sécher systématiquement au sèche linge pour faire des économies d'énergie,

- faire plus de lessives pour remplacer le jetable (couches, mouchoirs, serviettes de table, essuis-tout),

- faire ses produits ménagers,

- faire ses produits cosmétiques,

- faire de la cuisine maison pour tous les repas,

- faire un potager,

- se déplacer en transports en commun, à vélo ou à pied,

- faire ses courses chez les producteurs et ne plus mettre les pieds au supermarché,

- acheter un maximum d'occasion.

Tout cela demande forcément du temps.

Nous n'avons pas mis en place toutes ces actions. Je sais que nous ne vivrons jamais selon un mode de vie complètement écologique et zéro déchet - sauf à changer radicalement de vie (et dans mon cas à changer de travail).

  • Si je laisse ma voiture au garage pour prendre les transports en commun, je passe 3h de plus dans les transports chaque jour (au total 5h plutôt que 2). Si Paparose laisse sa voiture au garage et prend les transports en commun, il ajoute 1h de trajet chaque jour (oui nous sommes très mal desservis en transports en commun).
  • Si nous faisons toute la cuisine maison et n’achetons plus aucun produit transformé : 40 minutes chaque soir + 2h (minimum) le week-end.
  • Si nous remplaçons tout le jetable par du lavable : 1 à 2 lessives par jour qu'il faudra ensuite étendre ce qui nous prend 20 minutes pour chaque lessive.
  • Si nous faisons toutes les courses chez les producteurs et des achats uniquement d'occasion : 4 à 5h de course chaque semaine car il faut se déplacer d'un point à l'autre et prendre le temps de trouver le produit recherché en occasion. Cela peut paraitre énorme, mais concrètement : aller chez mon producteur de légumes = 30 min (10 min de voiture+courses), aller chez mon producteur de viande = 30 minutes (10 minutes de voiture+courses), aller au magasin vrac le plus proche = 1h (40 minutes de voiture +courses), aller chez le producteur de fruits = 2h (1h de voiture +courses - autant dire que les fruits sont le point noir du ZD chez nous), ce à quoi s'ajoute le temps de recherche des produits d'occasion.
  • Si nous faisons tous les produits ménagers et les cosmétiques : 30 minutes / semaine
  • Si nous faisons un potager : 30 minutes tous les jours du printemps à l'automne (minimum).

Si j'additionne tout cela, cela augmente le temps de travail ménager de 20h par semaine. Si ce sont les femmes qui doivent absorber ces 20h de travaux ménagers supplémentaires (je ne parle pas des trajets quotidiens), n'est-ce pas un risque d'épuisement supplémentaire?

Je suis intimement convaincue de la nécessité de réduire nos déchets, de changer nos modes de vie, de développer un mode de vie plus respectueux de la nature et moins destructeur. MAIS il me semble que le principal frein à ces changements est l'inégale répartition des tâches domestiques. L'absorption des tâches en "plus" liée à un changement de consommation ne peut pas être fait par les femmes qui déjà en font plus que les hommes. Si les hommes n'investissent pas le mode de vie zéro déchet, cela restera une mode ... qui aura épuisé beaucoup de femmes avant qu'elles ne reviennent au drive et aux produits transformés.

Et vous, vous en pensez quoi?

 

 

 

 

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