Les pompes funèbres

Quand on ouvre la porte du magasin, on entre dans l'univers du Kitch.

Une tombe en forme de piano, une autre avec des plaques en formes de scrabbles.

Il y a ces plaques en formes de nounours qui me noue l'estomac et celles avec ses photos de chasseurs qui me tirent un sourire.

"On veut le plus simple possible"

Elle a commencé à remplir son devis.

Nous a demandé ses mensurations. Je me suis dit qu'il y avait deux moments dans une vie où on faisait un habit sur-mesure : son mariage et son enterrement.

Elle nous a parlé entourage, poignées et capiton.

J'ai tenté d'imaginer ce qu'était son métier, les histoires de famille qu'elle doit entendre toutes la journées. La nôtre pèse son pesant d'or, j'imagine qu'il y a pire.

On a parlé de creusement de fosse, de cuve en béton ou pas, de marbre, d'entourage en ciment.

On a visité deux cimetières comme on visite une maison. La dernière demeure.

"Ce sera ici. Vous voyez, c'est joli".

"Mais on ne peut pas faire une tombe juste avec de la terre et des fleurs et des herbes"

"Vous pouvez, mais vous avez intérêt à entretenir, je ne veux pas de mauvaises herbes dans mon cimetière!" a dit la dame de la mairie.

Pas de brin d'herbe en folie. Pas de retour à la nature possible. "Tu redeviendra poussière" mais dans un lieu entretenu au round up, enfermé dans un cercueil en chêne et entouré de taffetas.

 

 

 

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