Parler de la mort avec ses enfants

"Papi est mort"

il n'est pas parti, car cela voudrait dire qu'il pourrait revenir.

Il n'a pas disparu, car cela n'existe pas les disparitions ou alors il y a une enquête policière. 

Il n'est même pas décédé car ce mot ne veut rien dire pour un enfant.

Il est mort.

Mort ça veut dire qu'on ne le reverra plus. 

Mort, ça veut dire qu'on pensera fort à lui avec un brin de nostalgie parfois. 

Mort ça veut dire qu'on est triste. 

Mort ça peut aussi vouloir dire qu'on est au ciel, au paradis, dans les étoiles, selon ses croyances.

Depuis le début de la maladie de leur grand-père, nous ne leur avons jamais caché l'issue fatale. Papi était malade, pas une petite maladie comme nous en avons parfois, une maladie qui faisait qu'il allait bientôt mourir. 

Rose (3,5 ans) n'a pas tout compris, la notion de mort lui est encore lointaine. Fleur (7 ans) a compris la notion de mort. 

Parler de la mort avec ses enfants peut paraître difficile. Je pense que c'est avant tout difficile pour nous. Cela nous renvoie à notre propre tristesse. Cela nous renvoie à notre propre mort aussi.

Autour de 5 ans, Fleur a commencé à se poser des questions sur la notion de mort, elle a forcément un jour posé LA question "Mais toi aussi tu vas mourir?" Oui un jour je vais mourir, ce jour bien sûr, je l'espère le plus lointain possible...mais c'est indéniable, il arrivera. Bien sûr qu'on a pas envie d'y penser. Et cela fait partie des raisons pour lesquelles nous n'avons pas envie de parler de la mort avec nos enfants.

Quand Fleur m'a demandé si un jour j'allais mourir, j'ai d'abord répondu "oui, mais dans très très longtemps"...sauf que pour tout dire, je n'en sais rien. Et elle le sait bien. Alors la question revenait sans cesse. Sur les conseils d'un psy je lui ai apporté une réponse différente : "oui je vais mourir un jour, j'espère que ce sera le plus tard possible et que je serai très vieille quand cela arrivera, mais quelque soit le moment, je sais que tu es assez forte pour vivre sans moi". Nous avons discuté un moment sur le fait qu'elle serait triste ("oui bien sûr, mais on peut vivre quand même").

Nous n'avons pas choisi de nous appuyer sur des livres, tout simplement parce que si nous ne voulons pas faire de mort un tabou, nous n'avons pas non plus envie de passer nos soirées à lire des livres sur la mort ou le deuil. Mais si cela vous semble nécessaire, il en existe de très bons. Et pour les enfants jeunes lecteurs, il y a un livre "Grand-père est mort" dans la collection Max et Lili.

Et vous, vous faites comment?

Comments

[MamanSurLeFil]

Un peu comme toi... Sans rien cacher, avec des mots simples mais précis... Et à leur demande et seulement à leur demande. j'aime bien la réponse conseillée par la psy... Je la garde en tête !

Bisous

Virginie

C'est une réponse simple, mais qui comble leurs angoisses (et les nôtres)

[Catwoman]

Ce n'est effectivement pas évident de parler de la mort à nos enfants car cela nous ramène à la notre ... L'année dernière nous y avons été confrontés avec celle de mon grand-père paternel. Je ne savais pas comment aborder la "chose" pour leur dire. Et finalement, simplement, j'ai annoncé "il est mort". Sur le coup, ils n'ont pas vraiment réagi. Et puis, dans le courant de l'année, ils ont eu des réflexions assez étranges comme Batgirl qui annonçait toujours qu'en juin il y a 3 anniversaires (le sien, son grand-père et son arrière-grand-père).

les enfants ont besoin d'en parler régulièrement et selon leur âge ils ne réagissent pas forcément tout de suite. Nous avons perdu un chien quand Fleur avait 3 ans. Elle n'avait eu aucune réaction (ce qui nous avait un peu choqué). Un an plus tard elle s'est mise à pleurer parce que son chien était mort...pour nous c'était une histoire ancienne, pour elle c'était une bombe à retardement

[Madame Bobette]

Je suis vraiment désolée pour le deuil que vous avez du vivre...
Ton article m'a fait pleuré. Il me renvoie à mon histoire personnelle et cette peur de laisser Tess seule un jour, trop tôt, comme ma maman est partie... Je trouve que les mots que tu as choisis sont tellement justes, bravo! Un jour Tess me posera cette question et j'espère pouvoir lui répondre aussi sereinement que toi :)

il m'a fallu quelques séances de psy pour avoir cette réponse. Je pense effectivement qu'on se sent mieux quand on réalise que nos enfants peuvent vivre sans nous. Pour eux c'est un soulagement de savoir qu'on leur fait assez confiance pour ça et pour nous cela enlève une angoisse existentielle.

[Picou]

Pour moi, c'est la bonne approche. Leur expliquer, avec de vrais mots - mesurés évidemment - la vérité des choses. "mort" n'est pas tabou, juste triste. Trop enjoliver les choses ou les rendre trop abstraites laisse des non-dits ou des doutes, je pense qu'il vaut mieux expliquer les choses comme elles sont, et en discuter avec l'enfant.

Ne pas mettre de mots dessus et en faire un tabou crée des peurs et des angoisses. Après chacun y met ses croyances.