Au soleil

Nous avons pris l’autoroute, roulant trop doucement à notre goût. Mais malgré la lenteur, malgré les embouteillages, nous étions heureux. Heureux d’aller vers la mer. Heureux de nos vacances ensemble.

A7. Autoroute du soleil.

Dans le sens inverse, nous avons vu un cortège officiel et des voitures estampillées de différentes radio et télévision, nous rappelant ce qui s'était passé à Nice.

Nous n’en avons pas parlé aux filles. Je ne trouve plus les mots. Il y a eu Charlie. Il y a eu le 13 novembre. A chaque fois j’avais expliqué la folie des hommes. Que certains puissent en tuer d’autres. Aujourd’hui je ne sais plus quoi dire. Comment expliquer l’horreur après un feu d’artifice ? comment leur expliquer qu’un homme peut agresser des personnes avec une hache dans un train ? comment expliquer qu’un homme puisse agresser des jeunes filles parait-il parce qu’elles portent des robes trop courtes?

Elles n'ont que 5 et 2 ans et nous essayons de les éduquer dans la bienveillance et l'ouverture d'esprit. J'ai peur pour leur futur. J'ai peur pour leur vie parfois. Mais je veux continuer à leur apprendre la liberté et encore plus l'égalité et la fraternité. Ces trois mots écrits aux frontons de nos bâtiments officiels, et qui apparaissaient de manière étrange sur les panneaux lumineux de l'autoroute. Ces mots ne sont pas vains pour moi.

"La formule républicaine a su admirablement ce qu'elle disait et ce qu'elle faisait; la gradation est irréprochable. Liberté, Égalité, Fraternité. Rien à ajouter, rien à retrancher. Ce sont là les trois marches du perron suprême. La liberté, c'est le droit, l'égalité, c'est le fait, la fraternité, c'est le devoir. Tout l'homme est là...
Les heureux doivent avoir pour malheur les malheureux; l'égoïsme social est un commencement de sépulcre; voulons nous vivre, mêlons nos coeurs, et soyons l'immense genre humain...
Tout ce qui souffre accuse, tout ce qui pleure dans l'individu saigne dans la société, personne n'est tout seul, toutes les fibres vivantes travaillent ensemble et se confondent, les petits doivent être sacrés aux grands, et c'est du droit de tous les faibles que se compose le devoir de tous les forts. "
Victor Hugo

Nous sommes en vacances et nous en profitons pour nous câliner, pour prendre le temps d'échanger, d'être ensemble, de jouer, de rire, de nous asperger d'eau et de lézarder au soleil.

J'ai souvent le cœur serré en pensant à ceux qui ne le feront plus.

Et puis je me dis que les rendre heureuse n'est peut être qu'une goutte dans l'océan, mais c'est un goutte qui compte, celle qui fait qu'un jour elle regarderont l'autre avec bienveillance et non avec haine.

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