A toi, terroriste
A toi terroriste,
j'ai failli commencer cette lettre par "cher terroriste", on ne refait pas son éducation. Et puis je me suis dis que non, finalement je n'avais pas envie d'être polie. J'avais envie d'être vraie.
Ce soir c'est à toi que j'écris, toi dont je parlerai au singulier tant je considère interchangeables dans la haine ces 7 personnes (ou plus).
Ce soir je suis triste. Je suis triste parce que des gens sont morts. Je suis triste parce que mon mode de vie, mes valeurs sont attaquées.
Et je suis triste pour toi aussi. Toi qui vendredi a tiré dans la foule demandant aux victime de te regarder avant de mourir. Je ne te hais pas. Je suis triste. Je voudrais comprendre : pourquoi? Comment? Qu'est-ce qui à un moment dans ta vie a entraîné cette haine de l'autre au point que tu peux tirer dans le tas sans sourciller?
Qu'est-ce qui fait que tu accordes si peu de valeurs à ta vie qu'on nous dit que tu accordes plus de valeur à ta mort?
Je t'imagine vendredi après-midi. Un peu stressé à l'idée que c’était ce grand jour que tu attendais. Tu t'es préparé. Tu as peut-être fait une répétition mentale de tes gestes, comme un artiste qui entre en scène. A ce moment là, que te disais tu? "là j'ouvre la porte de ma voiture, je sors et je dégomme ces mécréants qui boivent un verre en terrasse le vendredi soir."
Je t'imagine enfilant ton costume de bombe humaine et vérifiant que ton arme n'est pas enrayée.
Et quand tu as préparé ton arsenal, ne t'es tu jamais dit "mais qu'est-ce que je fais?"
La nuit dernière, j'ai comblé mon insomnie par les images en boucles des chaines infos. J'ai eu peur.
Ce matin en me levant, j'étais triste.
Et puis ma fille s'est réveillée. Elle m'a souri et m'a dit "maman aujourd'hui c'est ma fête d'anniversaire!".
Aujourd'hui j'ai animé une fête d'anniversaire avec des larmes dans la poitrine et le sourire aux lèvres.
Car sache, toi le terroriste, que je ne changerai pas mon mode de vie. Ton but est de propager la terreur et je mentirai en te disant que je n'ai pas peur. J'ai peur. de toi, mais pas seulement. J'ai peur que tes actions puissent amener certaines personnes à remettre en cause les trois valeurs sacrées de ma République : LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE. Sache que je me battrai pour ces trois valeurs.
Ce soir je regarde mes filles dormir. L'une rêve sans doute que sa fête d'anniversaire, l'autre de la Reine des Neiges, ou autre. Aucune ne pense à toi. Et ça, c'est ma victoire.