J'ai autour de moi quelques anti-féministes convaincus. Imaginez les débats passionnés que cela peut donner.

Récemment un de ces amis me disait que selon lui "les féministes font l'erreur de considérer que la maternité est une faiblesse pour les femmes, alors que ça devrait être votre force".

J'ai pouffé ayant envie de lui parler kilos, nuits blanches et angoisses. Je lui ai juste répondu que dans la vraie vie, des femmes (moi en l’occurrence) se retrouvent au chômage pendant leur congé maternité car leur entreprise ne renouvelle pas les femmes enceintes (mais les reprend après en espérant gagner ainsi de l'ancienneté).

Et puis j'ai réfléchi.

Bien sur que je ne peux pas me contenter de répondre "des kilos, de la fatigue, des lessives et une perte d'ancienneté au boulot" à la question "que t'as apporté la maternité?".

Bien sur que devenir mère m'a donné une force incroyable. Parce que j'ai le sentiment de ne plus avoir le choix, de ne plus pouvoir vivre uniquement au présent. Parce que l'avenir est LEUR avenir et que je le veux beau. Pour cela je suis prête à tout. Prête à travailler pour assurer le matériel mais aussi prête à m'engager socialement (politiquement dans mon cas) pour défendre mes valeurs, celles qui selon moi pourront leur offrir à elles et à tous les autres, un avenir radieux. Devenir mère de petites filles plus précisément m'a amené à revendiquer (encore plus) haut et fort mon féminisme et ma volonté de voir une société égalitaire parce que c'est pour elles que j'oeuvre alors, pour qu'elles ne se posent jamais ma question de savoir si "en tant que femmes" elles peuvent faire telle ou telle chose/ aimer telle ou telle chose.

Bien sur que je sais maintenant pourquoi je me lève le matin (même si un peu plus tard ce serait bien).

Bien sur...

Sauf que je ne vois pas en quoi cette force est liée à la MATERNITE. Pour moi, elle est inhérente à la PARENTALITE. Autrement dit, les enfants sont la force de leurs parents, pas de leur mère. Je ne vois pas en quoi le fait que je sois une femme a une influence sur le paragraphe précédent. Je me dis qu'un père pourrait écrire la même chose. Seuls les accords changeraient.

Considérer que les enfants sont la force des femmes c'est à la fois limiter la place sociale des femmes à leur rôle de mère et retirer aux hommes leur place de père. Les deux membres du couple parental ont à y perdre en somme. La femme car on lui limite les sphères de la vie sociale qu'elle peut investir. L'homme parce qu'on lui limite l'investissement de la sphère privée.

Un père ne peut-il pas lui aussi s'inquiéter pour l'avenir de ses enfants, vouloir le meilleur pour eux, trouver une raison de vivre dans la préparation de leur avenir? un père ne trouve t-il pas la force de faire toutes ses choses dans le sourire de ses enfants et l'envie de leur construire un bel avenir?

Etre parent est ma force, pas être mère.

Retour à l'accueil