L'école pour être libre
1967.
Elle a 14 ans. Elle prépare le certificat d'étude primaire. Ensuite elle le sait, elle ira à l'école ménagère. Là, elle apprendra pendant 2 ans à tenir une maison, gérer les comptes, coudre, cuisiner. A la fin de cette école il faudra trouver un emploi pour gagner sa vie car ses parents ne cessent de lui répéter que les filles coûtent chers.
1969
Elle a 16 ans. Elle a trouvé un emploi. Gouvernante dans une maison bourgeoise de province. Elle s'occupe des enfants, elle fait les repas, le ménage, les courses. Elle est logé, reçoit un salaire et a une journée de repos par semaine.
1991
J'ai 12 ans, je rentre au collège. Ce cap est d'autant plus important pour moi que je sais qu'en franchissant les grilles du collège je réalise un des rêves de ma mère. Elle en avait les capacités, mais dans les familles agricoles françaises, les filles étaient souvent orientées vers les écoles ménagères.
J'ai toujours aimé l'école. J'ai toujours aimé, et j'aime encore apprendre. Mais plus que tout j'ai toujours su que l'école était ma seule porte de sortie. Adolescente, j'écoutais Goldman en boucle. "Envole moi. A coup de livres je franchirai tous ces murs."
Aujourd'hui, chaque matin je dépose ma fille devant sa classe, ravie qu'elle ait la chance de vivre dans un pays où l'instruction est un droit. Je ne sais pas si elle a conscience de sa chance, elle dont les deux parents ont passés plus de 20 ans à l'école. Je sais qu'elle aime y aller et j'en suis ravie.
Aujourd'hui c'est la journée internationale des filles. Le thème de l'année est l'adolescente, moment critique de la vie de nombreuses femmes.
On peut discuter longuement sur le bac, le fait qu'il soit plus ou moins dur maintenant, le fait qu'il ait une place ou non sur le marché de l'emploi. Mais pour moi une chose est certaine, seule une instruction longue donne la liberté.