Ce que Charlie doit changer pour moi
Il y a 3 jours la France était parcourue d'une vague d'émotion. Demain elle se réunira pour dire qu'elle refuse de laisser quiconque lui dicter ce qu'elle a le droit de dire, d'écrire, de dessiner. Et après? Après, nous le savons tous, le pays reprendra sa vie tranquille se plaignant régulièrement que "tout va mal" ne se rappelant plus à quel point nous avons de la chance de vivre ici et maintenant dans un pays en pays où certaines liberté nous sont acquises, ni à quel point il faut que l'on continue à se battre pour les conserver. Mais ces 3 jours surréalistes, tristes et angoissants que la France vient de connaitre m'amène à me poser une question simple : Et maintenant?
Maintenant ne peut plus être comme avant le 7 janvier. Comme avant que des hommes déciment une rédaction de presse sous l'unique prétexte que ce qu'ils dessinaient ne leur plaisait pas. Maintenant ne peux plus être comme avant le 8 janvier quand un homme a abattu une policière municipale sous l'unique prétexte qu'elle portait un uniforme. Maintenant ne peut plus être comme avant le 9 janvier quand le même homme a abattu et retenu en otage des hommes, des femmes, des enfants sous l'unique prétexte qu'ils étaient juifs.
Alors c'est quoi maintenant?
Quand Fleur est née j'ai su que je ne pouvais plus me contenter de vivre tranquillement. Elle m'obligeait à penser à l'Avenir. Celui avec un grand A, l'Avenir de notre planète, l'Avenir de notre démocratie, l'Avenir de nos libertés, l'Avenir de nos protections. Seule, je pouvais me contenter de vivre ma petite vie plutôt tranquille, de donner mon avis les jours de vote, de trier les déchets et d'avoir bonne conscience. Avec elle, puis avec elleS, je me sens responsable du monde/ du pays dont elles hériteront. Je ne veux pas qu'un jour elles me regardent et me disent "mais comment en est-on arrivé là? on fait comment nous avec tout ça? et toi tu as fait quoi pour que le monde ne soit pas dans cette merde?"... et si jamais on en arrivait là je ne veux surtout pas devoir leur répondre "j'ai rien pu faire, je devais gérer la maison, le boulot, les courses, le ménage, tu comprends bien". Car, non, elles ne comprendraient pas.
Alors aujourd'hui nous y sommes. Ce moment qui pour moi doit être un point de non retour. Déjà en 2012, en pleine campagne électorale, au moment des attaques de Merah j'avais fait le choix de m'inscrire dans un militantisme politique. Aujourd'hui je sais que je vais continuer cet engagement et qu'il va peut-être même s'intensifier pour le futur de mes filles, pour que la mémoire des victimes (les journalistes, les policiers, les personnes juives) pour que jamais on ne me demande de choisir un camp.
Mais parallèlement à cet engagement, l'attaque de Charlie Hebdo m'a aussi amené à me poser des questions sur mon rapport à la presse. "Charlie vivra" est devenu un slogan, mais on oublie un peu que Charlie Hebdo était près à mourir faute de lecteurs. Je suis de ces lecteurs qui glanent l'information sur le net, ne lisent jamais les articles payant, achètent parfois un journal en kiosque mais c'est rare. Je n'ai jamais acheté Charlie Hebdo de ma vie. Je riais à m'en tenir les côte en passant devant le kiosque et en voyant leurs unes, Je lisais par dessus l'épaule de mon voisin de métro (quand j'étais à Paris), mais je ne l'ai jamais acheté. Une habitude de consommation comme une autre : l'information gratuite. Je sais que je vais changer cette habitude de consommation. Pas radicalement bien sur puisque je ne pourrais jamais m'abonner à tous les médias que je lis, mais la prise de conscience est là.
Comment tout cela impactera le blog? je ne sais pas. Quand j'ai commencé à écrire ici, je savais que j'avais envie d'écrire, je savais que je voulais écrire sur mon expérience de maman, sur les discriminations sexistes quotidienne, en particulier après les remarques désagréables que nous avions eu par rapport au fait que nous avions 2 filles (la loose). Je n'avais pas de ligne éditoriale claire. A suivre donc.