Ma Grande
Notre Grande est petite et je crois que nous l'avions un peu oublié. En 1 an elle est devenue grande deux fois : grande car scolarisée, grande car grande soeur.
Il y avait bien quelques oppositions, quelques peurs. Il y avait bien une demande de présence accrue. Mais j'avais faussement l'idée que nous avions atteint une certaine stabilité assez vite finalement.
Mais c'était faux.
Elle a accueilli sa sœur avec joie. Elle aime la couvrir de bisous et de câlins. Elle aime lui donner à manger. Elle aime même lui changer sa couche (non ne criez pas que je suis une mère inconsciente, elle ne fait que laver des fesses déjà propres et attacher les collants de la couche).
J'avais cru désamorcer la jalousie fraternelle facilement. Je crois surtout que ma fatigue de maman travaillant à temps plein et ne dormant jamais a pris le dessus. Devenue un zombie effectuant le nécessaire et l'indispensable j'en ai oublié d'être là tout simplement.
J'imagine qu'elle a dû attendre, me laisser du temps. Mais je ne revenais pas. Alors elle a hurlé. Hurlé le jour contre tout ce que je lui demandais. Hurlé le soir contre l'idée d'aller dormir. Hurlé la nuit qu'elle voulait que je vienne dormir avec elle.
J'ai tenté de désamorcer la crise avec la parole. Rien n'y fit. J'ai crié, nous avons puni. Nous avons feint de ne pas l'entendre, nous sommes revenus apaiser, nous avons puni à nouveau. J'ai pleuré.
Je savais que nous ne prenions pas la bonne direction. Je savais au fond de moi que les "laisse pleurer, elle se calmera" ne marcheraient pas cette fois ; que la crise était plus profonde, que ce n'était pas un test de notre autorité mais un test de notre amour.
Alors nous avons parlé.
Tous ensemble autour du repas familial. Nous avons tenté de lui faire mettre des mots sur ses maux, des solutions sur ses larmes. Ce ne fut pas facile de quitter le terre à terre "j'appelle parce que j'avais perdu mon doudou", d'aller au delà de l'explication trop banale.
Et puis la solution est apparue. Sortie de sa bouche ou de la nôtre, je ne sais pas. Mais il fut décidé que ce week-end, nous installerions une chambre d'enfant. Plus de Fleur dans sa chambre et Bouton de Rose dans la nôtre. Maintenant que Bouton de Rose fait ses nuits, elles vont partager la même chambre.
Depuis, et alors que le déménagement n'est pas encore fait, Fleur dort. L'endormissement est encore difficile, mais elle ne se réveille plus la nuit, n'hurle plus à la mort pour que je vienne dormir avec elle. Elle dort. Des nuits complètes et apaisantes pour tout le monde.
Une amie Psychologue (que bien sur je n'ai consulté qu'après avoir trouvé la solution - tête de pioche que je suis comme dirais mon grand-père) m'a dit : "bien sûr elle n'a plus besoin de se réveiller puisque être un bébé qui se réveille la nuit (= Bouton de Rose) n'implique plus de dormir obligatoirement dans votre chambre"
Bien sûr...