C'était dans le couloir de l'école, je discutais de la liste des futurs représentants des parents d'élèves avec une maman. Nous listions les MAMANS qui pourraient s'associer à notre liste.

moi : "pas de papas?"

elle : "ben non, les papas travaillent"

moi : "heu, moi aussi!" (je sais j'aurais du dire les mamans aussi mais j'ai été prise de court)

J'ai alors regardé différemment la liste des enfants inscrits à la garderie et à la cantine et au moment d'écrire le nom de ma fille pour tous les soirs de la semaine (sauf un, ouf mon honneur de maman est sauf) et de vérifier qu'elle est bien inscrite à la cantine tous les midis. Et je me suis rendue compte que dans sa classe, ils ne sont que 3 (sur 26) à cumuler garderie + cantine quotidiennement.

J'ai alors mieux compris que la réunion de rentrée avait quasiment été unanimement "anti-réforme" ; les mamans présentent (peu de papas, mais quelque uns quand même) tentant d'obtenir un acquiescement des maitresses sur le thème "hein que les enfants sont plus fatigués maintenant qu'ils doivent se lever le mercredi?" - acquiescement pas obtenu car si l'organisation des après-midis demande encore à être revue, l'apport du mercredi matin sur l'apprentissage était unanimement salué par l'équipe enseignante. Sauf que, je me répète, mais ma fille n'aurait de toute façon pas dormi le mercredi matin!

La seconde plainte lors de cette réunion portait sur les horaires des repas décalés entre la maternelle et le primaire qui ne permettaient pas aux mamans qui ont des enfants dans les deux écoles de passer un midi tranquille avec leurs enfants. Ce à quoi il leur fut répondu qu'étendre la pause méridienne revenait à mettre en difficulté les enfants mangeant à la cantine, en particulier les maternelles (mais ça semblait pas du tout les toucher).

Je réalise donc qu'en maternelle, je fais partie de ces bêtes étranges qui sont "les mamans qui travaillent à temps plein et qui ne sont ni en congés parental, ni en contrat avec peu d'heures, ni assistante maternelle (parce que c'est bien, ça permet de rester à la maison avec ses enfants), ni au chômage tout simplement". On arrive alors aux résultats de cette enquête du site avis de maman qui montre que près de la moitié des enfants sont gardés par leurs parents (devrais-je écrire leur parent = leur mère?) et que ce n’est une vraie envie que pour la moitié de ces parents (donc 1/4 en ont envie et 1/2 le font).

Car loin de moi la stigmatisation "elles ont fait des gosses pour pas bosser". Non la réalité est tout autre: "elles ont des gosses et peuvent difficilement aller travailler".

Parce que les places en crèches sont parfois quasi-inexistantes (8 bébés, 10 moyens et 15 grands dans celle de ma ville de 10 000 habitants qui se targue d'accueillir beaucoup de familles dans les nouveaux arrivants!),

Parce que les assistantes maternelles ont des exigences de dingues. Pour Fleur, nous avons vu :

  • celles qui ne travaillent pas le mercredi,
  • celles qui ne travaillent pas les vacances scolaires,
  • celles qui ne travaillent que de 9h à 17h -horaires où leurs enfants sont à l'école-
  • celles veulent leur vendredi après-midi (parce que sinon elles sont obligées de faire leurs courses le week-end),
  • celles qui en veulent pas de contrats en années incomplètes (donc faut avoir 5 semaines de vacances maximum et ne pas prendre de 80%),
  • celles qui ne font pas plus de 35h/semaine -mais si moi je fais 35h et que je travaille pas sur son perron, je fais comment?-

Autrement dit, peu de nounous correspondent aux besoins de parents qui bossent tous les 2 et à plein temps. Et encore nous avons des horaires bureaux, je n'imagine même pas ce que doivent vivre les parents avec des horaires décalés! Pour embaucher une assistante maternelle chez nous, il faut soit avoir une souplesse horaire, soit des grands-parents à proximité.

Parce que beaucoup de parents ne savent pas qu'ils ont droit à des aides de la CAF pour la garde d'enfants (entendre en région parisienne que faire garder ses enfants est hors de prix, je veux bien, mais en province quand tu retouches la PAJE tu t'en sors - sauf pour un premier je l'accorde).

Tout cela, et sans doute d'autres raisons que je ne connais pas, combiné aux difficultés d'emploi et au manque de formation d'une partie de la population font que bien souvent aujourd'hui encore les mamans ne travaillent pas et ce n'est pas forcément un vrai choix d'être mère au foyer.

"Les papas peuvent pas ils travaillent"
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