Quand j'ai su que j'allais avoir une fille, j'étais émue et j'ai aussi subitement réalisé que ce serait moi le modèle avec lequel (ou contre lequel) elle se construirait. La tâche était lourde. Je me suis alors dit : impossible de laisser faire, je dois m'engager. J'ai laisser le temps passer cependant, besoin de savoir quel type d'engagement je voulais. Puis il y a eu les élections de 2012 et là je me suis dit : j'y vais, j'affiche mes idées. C'est à ce moment là que j'ai commencé à œuvrer dans ma commune.

J'aurais, bien sûr, pu me contenter de défendre mes idées au quotidien, de leur montrer, d'être un modèle de maman et de femme. J'ai voulu aller plus loin. je voulais qu'elles ne puissent jamais me reprocher d'avoir su et de n'avoir rien fait. J'avais besoin de pouvoir leur dire "j'ai pu me tromper, mais j'ai fais mon maximum".

J'ai peur cependant parfois. Peur que le temps passé loin d'elles pour répondre à ce désir d'engagement soit trop pour elles. Peur de louper des choses. J'essaie de partager mon temps. Il y a des moments où c'est plus dur comme cette semaine d'entre deux tours des municipales. Le sentiment de ne pas les voir. Mais la fierté de le faire pour elles. Je veux que l'égalité avance, que mes filles ne vivent jamais les discriminations que j'ai pu vivre notamment pendant ma deuxième grossesse - et encore, j'avais le bagage nécessaire pour me défendre, je sais que beaucoup de femmes subissent sans rien dire en ayant peur de perdre leur emploi.

Je m'engage parce que je trouve que 8 places "bébé" dans l'unique crèche d'une ville de 10000 habitants c'est trop peu.

Je m'engage parce qu'entendre une femme être trainée dans la boue parce qu'elle a porté plainte pour agression sexuelle, cela me blesse au plus profond de mon être.

Je m'engage pour de grandes idées et pour de petites avancées.

J'ai lu une fois une interview d'une féministe (la honte, je me souviens plus qui c'était) des années 70 qui disaient être heureuse qu'aujourd'hui les couples puissent décider de leur fécondité et que le jour où son fils lui a annoncé fierement que sa femme avait arrêté la pilule et qu'ils essayaient de faire un enfant, elle s'était dit "on a réussi quelque chose".

Alors je m'engage parce que je veux qu'un jour mes filles se demandent pourquoi je me suis engagée ainsi pour défendre une égalité qu'elle vivront comme naturelle.

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