L'école est pour moi une grande découverte. pas que je n'y sois jamais allée - loin de là j'y ai même passé beaucoup de temps - mais parce que voir l'école côté parent ce n'est pas la même chose que d'y aller en tant qu'élève. Déjà on n'en attend pas la même chose. Après tout ce sont nos petits trésors que nous leur déposons fébrilement chaque matin! Et pendant les 3 années qui ont précédé cette entrée à l'école on a eu le temps de tester et d'affiner nos principes éducatifs. Outre le fait que l'école les désorganise complétement (j'y reviendrai dans un autre post), nos enfants y sont aussi confrontés à de nouveaux impératifs parfois difficiles.

En début de semaine ma fille est rentrée grognon et comme l'ATSEM m'avait signalé qu'elle n'avait pas voulu travailler de la journée, j'ai essayer d'en parler avec elle. Non pas que je sois pour le fait qu'on mette des enfants de 3 ans dans une logique trop grande pour eux - c'est vrai qui a dit qu'à cet âge on pouvait/devait travailler 6h/jour! - mais parce que je sais premièrement que Mini Rose (et si on appelait l'ainée Mini Rose et la cadette Bébé Rose? ) peut très bien se mettre en retrait quand une activité est nouvelle et deuxièmement que c'est justement ce qu'il doivent apprendre en première année de maternelle dont le programme tourne essentiellement autour de la notion de "devenir élève" comprenez "faire ce que dit l'instit demande sans discuter".

Donc je lui demande "mais pourquoi tu n'as pas voulu travailler aujourd'hui? c'était quoi le travail?". Et là ce fut le drame. Pleurs, hoquets, tentatives d'articulations de mots incompréhensibles qui au final donnaient ceci (j'ai un décodeur de maman) : "je sais pas dessiner les fleurs, j'ai pas écouté la maitresse, je sais pas faire, je saurai jamais faire, je sais faire que des grabouillous. Toujours toujours je fais des grabouillous". Écrites ici ces phrases semblent presque banales, mais dites avec dans la voix un désespoir dont seul l'enfance est capable, ce fut déchirant pour mon petit cœur de maman.

Alors certes, ne pas savoir dessiner des fleurs ne semble pas être une chose insurmontable, mais quand on a 3 ans et que c'est "le travail" qu'on avait à faire à l'école ça devient très grave.

Nous ne faisons pas partie de ces parents déterminés à ce que leur enfants sachent absolument tout avant les autres et soient premiers de la classe dès la maternelle. Nous souhaitons avant tout qu'elles aient envie d'apprendre car sans cette envie rien (ou si peu) n'est possible. Alors ce qui me gênait le plus dans sa phrase, ce n'était pas qu'elle n'ait pas réussi, mais qu'elle en ait déduit qu'essayer n'était pas nécessaire puisque de toute façon elle n'y arriverait jamais. Que s'est-il passé pour qu'elle pense ainsi? Je ne sais pas et ne le saurai sans doute jamais car l’institutrice ce jour là était une remplaçante et que quand j'en ai parlé à sa maitresse habituelle le lendemain, elle l'a rassurée en lui rappelant que quand on ne savait pas faire ce n'était pas grave, qu'on était justement à l'école pour apprendre.

On touche ici à toute la difficulté du métier de professeur des écoles qui doivent à la fois gérer 30 enfants (oui ils sont 30 en petite section!) et prendre en compte les individualités. Mini Rose a besoin d'être soutenue. Si on est dans le positif avec elle tout va bien. Dans le négatif elle se braque et baisse les bras ou s'énerve. Ainsi il faut lui dire "je suis contente parce que tout à l'heure tu as dit s'il te plait et c'était très bien, tu pourrais le refaire?" plutôt que de lui dire "Tu n'as pas dis s'il te plait et c'est pas bien". Tout un art! J'imagine donc qu'il y a eu à un moment un mot déplacé et sans doute ce mot insistait-il sur le fait qu'elle faisait des "grabouillous". Dommage, ça ne lui a pas donné envie de continuer...

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