Deux semaines

Deux semaines. C'est long et c'est court à la fois. 

Il y a 2 semaines, je travaillais normalement. Puis j'ai pris une pause déjeuner, un peu plus tôt que d'habitude car j'avais rendez-vous chez le kiné. 

Puis tout a basculé. 

L'appel de ma mère qui annonce l'AVC de mon père. L'incertitude. ce moment où on se dit encore qu'un "AVC, il y a des gens qui s'en sortent"

Le rendez-vous chez le kiné surréaliste où on parle de tout et de rien pendant qu'elle masse mon dos douloureux en ne cessant de penser à cet hôpital lointain où il a été emmené. 

Puis la fin. L'annonce. "ça va être fini. le médecin ne peut rien faire."

Le gouffre qui s'ouvre, les enfants à récupérer à l'école parce que "on part tout de suite, les filles". 

Les pleurs parce que Fleur voulait aller à la piscine. La joie de Rose qui n'ira pas à la sieste et vit son quart d'heure de gloire avec sa maman qui vient la chercher comme cela à n'importe quelle heure.

Les pleurs parce que petit à petit je réalise ce qui se passe.  

La route. Longue, trop longue. L'espoir que peut-être quand on m'a dit "le médecin ne peut rien faire", cela me laissait le temps d'arriver. Le SMS qui confirme que non. 

Le silence dans la voiture, les kilomètres qui défilent. L’hôpital, les urgences, la chambre mortuaire. 

Un corps. On pourrait croire qu'il dort, mais il ne se réveillera plus jamais. 

15 jours. 

Le temps de lui dire adieu. Cérémonie, dépôt des cendres. 

15 jours entre parenthèse. 

15 jours pour enterrer mon père. 

Puis la vie qui reprend. Sans lui. Une nouvelle vie à définir. Avec un bébé à venir qui ne connaîtra pas ses grand-pères. Avec des petites filles qui ont besoin d'une attention que je ne suis pas capable de leur donner. La reprise du travail et les moments où je n'arrive pas à me concentrer. Les nuits où le sommeil se fait fuyant, ou pas assez reposant. 

Il faut vivre l'après. Comme une évidence. Comme si 15 jours avaient suffi pour refermer le gouffre qui s'est ouvert sous mes pieds ce jour-là. 

Je sais qu'il me faudra du temps. Il va me falloir affronter la fête des pères et son anniversaire. Ces moments où j'aurais envie de l'appeler, de l'entendre. 

On ne fait pas le deuil de son père en 15 jours. 

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