Mon corps, mon droit
L'avortement est menacé. Partout dans le monde, dans les pays qui l'ont autorisé, des voix s'élèvent pour revenir sur ce droit.
Face à ces voix rétrogrades, les féministes se lèvent.
Malheureusement, elles sont un peu seules et je parle volontairement au féminin. L'avortement est rarement défendu par des hommes.
Mais n'avons nous pas trop fait de l'avortement un "truc de bonnes femmes" comme le disait élégamment Jacques Chirac lorsque Simone Veil portait sa loi.
Mon corps, mon choix.
Et bien moi, ce slogan me gène.
Certes, c'est "mon corps". En tout cas, le corps enceint et le corps avortant est celui d'une femme.
Mais est-ce "mon choix"?
Comme si cela ne se faisait qu'entre la femme et son corps.
Comme si un avortement ne pouvait pas se décider en couple.
Comme si le choix solitaire d'une femme ne s'expliquait pas parce qu'un homme avait bien voulu concevoir, mais pas prendre en charge l'enfant à venir.
Mon choix ?
Comme si on choisissait entre avortement et nouveau maquillage.
Comme si on choisissait seule, sans aucune pression extérieure.
Comme si on choisissait vraiment, alors que dans le discours de beaucoup de mes amis qui ont avorté, c'est un "non-choix" qui conduit à l'avortement :
"on n'avait pas choisi d'avoir un enfant à ce moment là",
"il n'avait pas choisi d'avoir un enfant", "
je n'avais pas choisi ce rapport sexuel".
L'avortement, à mon sens, n'est pas une affaire de femme, c'est l'affaire de toute la société, au même titre que la contraception qu'elle soit naturelle ou hormonale. C'est un choix social de donner aux individus le droit de décider quand et dans quelles conditions ils veulent mettre au monde un enfant afin, on l'espère, de l'accompagner le mieux possible.
Le corps des femmes certes, mais notre choix social à tous, hommes comme femmes, de construire une société de choix.
Et c'est parce que je souhaite cette société de choix, que je défend le droit à l'avortement.