Et s'éclabousser au soleil

15 jours tous les 4 à manger du melon, regarder les poissons, nager, s'éclabousser, se dorer, se dorloter, se câliner.

Au milieu de tout cela, l'information qui nous arrive et qui fait peur.

Il y eu ce téléphone regardé rapidement en attendant de voir les dauphins et qui annonce une prise d'otage dans une église.

Il y a eu ce journal regardé au détour d'une balade en ville et qui parle d'attaque à la machette en Allemagne.

Comme l'écrit si bien Till, on ne sait pas.

Souvent j'ai peur. Depuis novembre 2013, j'ai réalisé que cela recommencerait, qu'il faudrait s'habituer. C'est peut-être cela le pire : on s'habitue. Cela n'enlève pas la peine, cela n'enlève pas l'effroi, mais on ne considère plus ces événements comme impossible.

Par moment je réalise que mes filles vont grandir dans un monde où entendre aux informations qu'un attentat a eu lieu est une habitude. Finis les grands rassemblements pour dire qu'on ne veut pas de cette haine, maintenant on s'envoie de la haine par presse interposée.

Alors j'ai peur. J'ai peur pour le présent, peur pour mes proches. J'ai peur aussi pour le futur. Quel sera ce monde dans lequel mes filles seront adultes?

Est-ce mal d'avoir peur quand la France crie à tue-tête "même pas peur"? Je ne sais pas.

J'ai d'autant plus peur que je vois une année 2017, placée sous le signe des élections, pointer son nez et que ce contexte ne peut que donner le pire.

Alors oui, j'ai peur. Je m'habitue pourtant à l'idée que cela arrivera encore. Et je pleure les morts et les blessés.

Et pendant que mon cœur et ma tête se battent avec tout cela, je vis, je rêve, je ris, je me baigne, je bronze, j'arrose mes filles avec le pistolet à eau, j'apprend à nager à Rose et je regarde avec fierté Fleur partir dans les vagues avec son masque et son tuba, je les câline, je leur invente des histoires de sirènes, de fée, de sorcière et de pirate, je leur apprend à ne pas avoir peur de l'autre, je leur apprend la bienveillance et le bonheur.

Et j'espère, oui, j'espère qu'ainsi, leur avenir sera moins sombre.

Comments

[Catwoman]

Pour Nice, j'étais perdue dans les Alpes italiennes, j'ai appris la chose le lendemain, en sortant de la douche parce que mon homme avait entendu des italiens parler entre eux et plaindre les français ... Sinon, je serais passée à côté encore au moins 24h. Ma première réaction a été de m'asseoir. De dire qu'il y en avait marre. De ne pas vouloir être plainte. Je n'ai pas peur mais c'est vrai qu'on s'habitue à vivre avec et on regarde 2017 se profiler en fronçant les sourcils et en se demandant, plus qu'avant, où nous allons ? Quel est notre avenir et celui de nos enfants ?

c'est exactement cela.
et pourtant, je ne cesse de me dire quand même que j'ai eu de la chance de naître ici et maintenant. Ailleurs, ma vie serait bien plus difficile (surtout en tant que femme).