Sur le chemin de l'école

Ce matin j'ai déposé ma fille à l'école avec les mêmes "dépêche toi, on va être en retard" "mais qu'est-ce que tu as fait de ton écharpe?" et autre phrase répétées inlassablement tous les matins.

Ce matin j'ai déposé ma fille à l'école et elle n'avait pas très envie d'y aller car elle était fatiguée.

Ce matin j'ai déposé ma fille à l'école sans aucune appréhension, parce qu'il n'y a aucune raison qu'il lui arrive quoique ce soit.

ce matin j'ai déposé ma fille à l'école et au fond de moi je savais qu'être mère d'une petite fille ici et maintenant c'était facile. Je savais qu'elle aurait la chance de pouvoir dire "l'école c'est trop nul" parce que finalement pour elle c'est naturel de devoir aller à l'école (et de s'en plaindre). Je savais qu'en allant à l'école, elle ne risquait rien de plus qu'une remontrance en cas de bêtise. Je savais qu'elle pourrait achever son cycle scolaire sans embuche.

Ce matin j'ai déposé ma fille à l'école le cœur léger car j'ai cette chance. Mais au fond de moi je pensais à tous ces parents pour qui déposer son enfant à l'école est un acte de bravoure. Au fond de moi je pensais à ses enfants pakistanais pris pour cible car ils étaient scolarisés. Au fond de moi je pensais à ces filles nigérianes enlevées car elles étaient scolarisées. Au fond de moi je savais que cet acte qui nous semble normal reste pour beaucoup un acte militant.

L'éducation est notre arme la plus puissante nous dit Malala, Prix Nobel de la paix.

Parce qu'un peuple scolarisé est un peuple qui fait ses choix, l'école est notre bien le plus précieux.