Pourquoi j'aime accoucher à l'hôpital
Au moment où l'idée d'accoucher hors hôpital se discute, où apparaissent des maisons de naissance (encore en phase de test) et où la colère des sages-femmes a montré leurs difficultés concernant les assurances dans le cadre des accouchements à domicile, j'ose dire que j'aime accoucher à l'hôpital. Il semble que dans certains milieux cela soit presque politiquement incorrect - surtout celui où les femmes, comme moi, allaitent, portent leur bébé en écharpe de portage et font leurs propres petits pots. Je devrais dire pour faire comme mes copines : "l'accouchement est trop médicalisé, c'est une chose naturelle, laissons faire la nature, si j'avais le choix je n'accoucherais pas à l’hôpital". Mais ce serait faux.
Quand j'ai choisi où accoucher, j'avais le choix entre une clinique et une maternité de niveau 3 (CHU) et c'est cette seconde option que j'ai prise. Bien sur je suis consciente que toutes les femmes n'ont pas une maternité de niveau 3 et que mon cas est donc particulier.
Si j'avais le choix entre domicile, maison de naissance, clinique et CHU (maternité niveau 3), je choisirais d'accoucher à l’hôpital où j'ai eu mes deux Roses et je vous explique pourquoi :
- parce que je m'y sens en sécurité. Je sais que quelque soit le déroulé de mon accouchement il y aura une capacité de réaction qui sera plus rapide que dans le cas où on devrait me transporter à l’hôpital.
- parce que dans ma famille, la prématurité on connait et que ma grande crainte était qu'il arrive quelque chose à mes bébés (heureusement tout s'est bien passé et à 40SA !!). En étant en maternité de niveau 3, je savais que si jamais quelque chose arrivait à mon bébé, la réanimation et la néonatologie étaient dans le même bâtiment que moi.
- parce que j'aime la péridurale qui, les deux fois, m'a permis de me reposer et d'accueillir mes bébés, nées en pleine nuit (sinon c'est pas drôle), en meilleure forme que si j'avais dû gérer les contractions toute la nuit - et puis j'estime que le "tu accoucheras dans la douleur" a vécu.
- parce que je n'ai pas eu le sentiment d'être mal traitée dans le milieu hospitalier et que j'ai eu l'impression d'être actrice de mon accouchement. Peut-être un peu moins la première fois, certes, mais c'était avant tout parce que j'étais un peu perdu. Pour moi, ce n'était pas si "naturel" que ça. J'ai aimé l'idée que nous étions seuls à gérer (non, ce n'est pas un nous royal, oui, papa gère aussi) mais que si j'avais besoin je pouvais appuyer sur le petit bouton rouge et quelqu'un venait pour répondre à mes questions
Bien sur j'aurais aimé changer certaines choses :
- J'aurais aimé pouvoir me lever une fois la péridurale posée - ou en tout cas être prévenue que ce ne serait plus possible car en cours de préparation, on nous avait parlé de monitoring déambulatoire). Pour la seconde, le sachant, j'ai profité du répit donné par la péridurale pour dormir avant que la douleur ne revienne (et je n'ai pas ajouté de doses de péridurale).
- J'aurais aimé sortir plus vite après mon deuxième accouchement. Tout allait bien, pourquoi rester 3 jours? J'aurais ainsi peut-être pu éviter de passer le nouvel an à la maternité.
Bien sur, je comprends très bien les mamans (ou futures mamans) qui souhaitent accoucher autrement. Et je pense que nous devons aller vers une offre plus large de lieux de naissance.
Je suis très mitigée cependant quand à l'idée d'une totale dé-médicalisation de la naissance. Car si être enceinte et accoucher est effectivement quelque chose de naturel, j'ai pu appréhender, lors d'une précédente vie professionnel, que lorsque les femmes n'ont accès à aucune médicalisation de leur grossesse, la mortalité maternelle et infantile est bien plus élevée. Et quand on demande à une femme africaine de nous raconter son histoire féconde et qu'elle déroule une litanie de grossesses non menées à terme, de naissances d'enfants morts-nés ou décédés peu de temps après leur naissance, vous vous dites : cette femme aurait sans doute aimé que ses grossesses et accouchements soient plus médicalisés.